Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

La seigneurie de Launay-Morel en Roz sur Couesnon (35)

 

 

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TABLE des Matières.

 

Roz-sur-Couesnon

L’organisation seigneuriale

La noblesse au dix huitième siècle

La seigneurie de Launay-Morel

Le domaine proche

Le manoir de Launay Morel

La chapelle

Le colombier

La métairie de Launay-Morel

Les terres

Terres appartenant au domaine proche
de la retenue de Launay-Morel

Autres terres nobles

Le moulin banal

Prééminences

Les mouvances

Fiefs et bailliages

Acquisition de biens

Biens roturiers

Métairie de La Fontaine Roux
Métairie de Carcou

Autres biens roturiers

La saline des quatre salines

Terres roturières

Biens nobles

Fiefs et bailliages

Maison manale du lieu noble de la Courpierre

Les revenus seigneuriaux

Rentes constituées

Fiefs et bailliages

Rentes diverses perçues en 1786

Roz-sur-Couesnon [table]

Au 18ème siècle, la paroisse de Roz-sur-Couesnon, sous l’invocation de Saint-Martin, comptait 1250 communiants. Elle faisait partie de l’évêché de Dol et dépendait de la subdélégation de Dol pour ce qui relevait du Roi, de la Ville de Dol pour la vie religieuse et de la baronnie de Combourg pour ce qui était du pouvoir seigneurial.

La seigneurie de Combourg fut longtemps considérée comme une baronnie ; Extraite du régaire de Dol, sa juridiction s’étendait sur un grand nombre de paroisses. Elle fut érigée en Comté en 1575 ; Le corps du comté était composé de Combourg, Lanhélin, Tréméheuc, Saint-Léger, Lanrigan, Québriac, Lourmais, Saint-Marcan, Cendres, Roz-sur-Couesnon, Pleine-Fougères.

Les terres bien cultivées produisent du grain, du lin et du chanvre.

Les principaux villages sont : la Poultière, les Quatre Salines, la Bégossière, la Rue, la Couëture, la Renaudière, la Fontaine au Jeune.

On y connaît deux chapelles : Launay-Morel et Saint-Denis de La Rue.

On y voit trois moulins à vent : Gaugray, les Chouannières, Launay-Morel. Un moulin à eau à la Poultière.

Plusieurs juridictions s’exerçaient sur la paroisse notamment : Launay-Morel, Malchapt, Champgrue, Vauvert, Les chevaliers de Malte, Les religieuses de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes

Plusieurs maisons nobles existent sur la paroisse ; Au 18ème siècle on y trouve :

La maison seigneuriale de Malchapt qui appartenait en 1371, à Berthelot Malchapt, écuyer au service du roi de France Charles V, et Geoffroy de Malchapt, son frère, servait dans la compagnie de Bertrand Duguesclin, connétable de France : cette maison qui a haute justice, appartient à M. Brunes de Mont-Louet.

Launay-Morel, haute justice, à Christophe de Lignières en 1500, appartient à M. du Bois-Baudri.

La commanderie du Temple de Carentoir, moyenne justice, jadis possédée par les Templiers, appartient à M. le commandeur de l’ordre de Malte.

La moyenne justice de Chanel à M. de Beaumont-l’Orgerest ; celle de Vauvert, à M. de Vauvert Marc-Bodin.

Le sire de Combourg possède un vieil manoir noble caduc et ruiné, nommé Ganguenay.

Louys de Lourme, écuyer, jouit de celle de la Turrerrie.

En 1500, Chantegruë appartenait à François du Bois-Baudri. Montortou, à Pierre Jehan et Aliènette de la Marche, son épouse. Launay-Henri, à N….

 Ces manoirs et châteaux qui autrefois avaient joué un rôle militaire sont, par la suite, devenus des centres de domaines agricoles et pour certains des chefs lieux de seigneuries.

L’organisation seigneuriale. [table]

Le sol de la Bretagne est couvert de seigneuries. Il en est de très grandes, les moyennes et petites seigneuries sont infiniment plus nombreuses. On en compte souvent plusieurs par paroisses. La plupart des petites seigneuries possèdent deux ou trois métairies et une demi-douzaine de bailliages et il en est de moins bien pourvues encore. Il existe en outre un grand nombre de maisons nobles, qui ne possèdent aucune juridiction. Elles sont souvent mentionnées comme " tenues prochement et noblement " de telle ou telle seigneurie. On constate donc souvent un très grand morcellement de la propriété noble.

La propriété seigneuriale est soumise à la hiérarchie féodale. Le vassal noble tient sa terre de son suzerain, soit " à foy et hommage ", soit le plus souvent " à foy, hommage et chambelenage ". Lorsqu’il ne doit que foi et hommage, il est tout au moins astreint à rendre aveu au seigneur supérieur. La plupart des tenanciers nobles sont obligés aussi, à chaque succession, d’acquitter le rachat, c’est à dire d’abandonner au seigneur supérieur le revenu d’une année. Quant à l’acquisition d’une seigneurie ou d’une terre noble, elle est grevée du droit de lods et ventes. Enfin beaucoup de terres nobles doivent au suzerain des redevances en nature et surtout en argent. Mais ces redevances sont beaucoup plus faibles que celles qui pèsent sur les terres roturières.

La propriété seigneuriale se compose de deux parties essentielles : le domaine proche et la directe seigneuriale, les mouvances. Cette division de la propriété est très ancienne. Le domaine proche, c’est l’antique réserve, la partie du domaine que le propriétaire n’a pas partagée entre ses sujets ; les mouvances, ce sont les terres qui ont été assignées aux tenanciers, et qui pour eux sont devenues une véritable propriété héréditaire.

Le domaine proche constitue la véritable propriété noble, il se compose de deux éléments essentiels : la retenue et les métairies. La retenue étant le plus souvent exploitée directement par le propriétaire, tandis que les métairies sont toujours données à ferme.

Les tenures ne doivent que des redevances et des services, tandis que sur le domaine proche, tout le revenu du sol appartient au propriétaire noble.La retenue comprend le château et ses dépendances, les bois, les landes, les prairies et un certain nombre de pièces cultivées, plus ou moins étendues, mais elle ne constitue pas la portion la plus lucrative du domaine proche. Les revenus des métairies sont souvent considérables, elles comprennent des terres de culture, des prés, des prairies, parfois aussi des morceaux de bois et landes et elles forment tout un ensemble complet d’exploitation agricole. Elles sont toujours affermées, soit à prix d’argent, soit à moitié grains.

Le domaine proche comprend encore un ou plusieurs moulins, qui sont d’un bon rapport, car on les afferme, en bien des cas, plusieurs centaines de livres.

Retenue, métairies, moulins constituent le domaine proprement dit du seigneur, sa propriété véritable. Les mouvances au contraire, appartiennent réellement aux tenanciers nobles ou roturiers qui les occupent ; mais leur propriété est grevée de redevances et de devoirs qui marquent le droit supérieur du seigneur, et elle est soumise à sa juridiction.

Il y avait également les mouvances, anciennes parties du domaine où se trouvaient les manses féodales. Ce sont des terres roturières groupées ou non, dont le seigneur n’a qu’une propriété éminente. Il tient ces terres de la seigneurie supérieure à laquelle il rend aveu. Ces terres sont tenues par des paysans qui en jouissent en complète propriété moyennant des redevances faibles et un certain nombre de droits (rachapts, lods et ventes, etc.).

Presque toutes ces mouvances sont réparties en un certain nombre de circonscriptions seigneuriales qu’on appelle bailliages ou fiefs et qui comprennent tout le territoire soumis à la juridiction seigneuriale. Ces circonscriptions sont si définies qu’elles sont l’objet de transactions : on les vend, on les échange.

Il faut voir en elles surtout des circonscriptions fiscales. C’est en effet par bailliages que se perçoivent les redevances des tenanciers ; pour chaque bailliage, on dresse un rôle rentier dont la perception est confiée chaque année, et à tour de rôle, à un tenancier qui remplit l’office de sergent bailliager.

Dans une même seigneurie on trouve des bailliages de toutes dimensions ; il en est qui s’étendent sur plusieurs centaines de journaux ; d’autres très restreints, se composent seulement de quelques journaux.

La directe seigneuriale, c’est à dire l’ensemble des mouvances, ne forme que très rarement un territoire continu. Elle se compose, dans la plupart des cas, de bailliages disséminés, s’étendant souvent sur plusieurs paroisses.

C’est du domaine proche que le propriétaire noble tire le plus clair de son revenu ; les mouvances lui rapportent beaucoup moins. Les fermages des métairies, des moulins, la coupe des bois, les rentes convenancières sont beaucoup plus lucratives que les redevances seigneuriales, souvent immuables depuis plusieurs siècles

Enfin, le seigneur représente une personnalité morale à laquelle il tient beaucoup car elle est le symbole féodal de sa supériorité sur ses vassaux. Mais depuis longtemps déjà, il n’est plus le protecteur du paysan et il s’affirme comme le propriétaire d’une terre d’où il tire à la fois puissance sociale et puissance économique.

Dessin du vicomte Henri Frottier de la Messelière

La noblesse au dix huitième siècle . [table]

La condition économique des propriétaires nobles est loin d’être uniforme. S’il se trouve des nobles très riches, il existe aussi une petite noblesse très nombreuse et très misérable, certaines paroisses contiennent plusieurs familles nobles dont les revenus sont des plus médiocres. Les conditions d’existence des gentilshommes varient donc à l’infini.

La noblesse rurale était en proie à de grandes difficultés financières et luttait pour le maintien de ses privilèges ; si le fils aîné restait prés de son père pour lui succéder à la tête du domaine, les cadets essayaient d’obtenir une place dans l’armée ou dans les ordres ; les filles qui bien souvent faute de dot n’avaient pu se marier, entraient dans un couvent. Les situations, très variables, allaient d’une réelle aisance à une pauvreté voisine de la misère ; et à l’exception de l’habitation seigneuriale, demeure assez vaste mais dont l’entretien laissait souvent à désirer, le genre de vie des nobles ruraux ressemblait beaucoup à celui des paysans.

Les nobles percevaient les droits féodaux, exigeaient la corvée, mais ne pouvaient travailler sans perdre le bénéfice de la noblesse.

Lorsque les revenus de leur domaine leur permettaient de vivre convenablement, les nobles ruraux organisaient des parties de chasse, des repas, des bals qui rompaient la monotonie de leur existence. Ces réjouissances irritaient les paysans écrasés d’impôts et expliquent les révoltes rurales de 1789.

" Il y a en France deux noblesses : une noblesse brillante qui habite des palais ; une noblesse qui voit chaque jour tomber en ruine le château de ses pères sans pouvoir l’étayer ; … une noblesse attachée à la cour, toujours occupée grandement du lever au coucher du roi, et faite par-là même pour toutes les grâces, exactement des grâces ; une noblesse enchaînée par l’indigence, sur qui le soleil ne se lève que pour éclairer sa misère, et qui n’a point d’ailes pour voler aux récompenses ; en un mot, une haute noblesse qui est encore plus haute qu’on ne le dit, et une basse noblesse que la pauvreté abaisse encore.

Ce n’est pas du centre du luxe, ni du sein d’une pompe bruyante qu’on peut entendre les soupirs d’une noblesse qui gémit de loin, en mêlant ses larmes avec celles du laboureur. Il ne faut pas même la juger par quelques échappés… qui viennent de temps à autre solliciter un procès ou mendier une protection dans cette capitale. Ces malheureux qu’ils sont nobles, nous dérobent une partie de leur misère pour ne pas trop rougir. Ce voyage nécessaire et souvent inutile, dévore leur subsistance pour plusieurs années.

Suivons les dans leur retour. Parcourons avec eux ces terres seigneuriales qui ne peuvent pas nourrir leurs seigneurs. Voyez ces métairies sans bestiaux, ces champs mal cultivés ou qui restent incultes, ces moissons languissantes qu’un créancier attend une sentence à la main, ce château qui menace ses maîtres, une famille sans éducation comme sans habits, un père et une mère qui ne sont unis que pour pleurer. A quoi servent ces marques d’honneur que l’indigence dégrade, ces armoiries rongées par le temps, ce banc distingué dans la paroisse où l’on devrait attacher un tronc au profit du seigneur, ces prières nominales que le curé, s’il osait, convertirait en recommandation à la charité des fidèles, cette chasse qui ne donne du plaisir qu’à ceux qui ont de l’aisance, et qui devient un métier pour ceux qui n’en ont pas ; ce droit de justice qui s’avilit sous l’infortune, et qui s’exerce mal ? "

Abbé COYER, La noblesse commerçante, 1756.

La seigneurie de Launay-Morel . [table]

Il est difficile de situer dans le temps l’origine de la seigneurie de Launay-Morel, car on ne sait rien des premiers propriétaires. Le nom de Launay signifie lieu planté d’aulnes ; et Morel pourrait être le nom du premier possesseur de cette terre.

Au 9ème siècle, l’insécurité due aux invasions barbares et aux pillards normands amenèrent les grands propriétaires à organiser leur défense eux-mêmes l’autorité royale faisant défaut. Dans les campagnes, il devint nécessaire de construire rapidement des camps retranchés dont les fortifications étaient encore très simples, mais constituaient un asile suffisant. Ce furent souvent les propriétaires des terres les plus riches qui en prirent l’initiative. Les petits propriétaires et les paysans vinrent naturellement se regrouper dans le voisinage de ces châteaux et demandèrent aux grands propriétaires de les protéger moyennant certains engagements. Le protégé devint ainsi un véritable sujet du protecteur que l’on appela le seigneur. Ainsi s’explique l’origine des seigneuries. On obéissait au seigneur à qui l’on avait prêté serment de fidélité avant d’obéir au roi auquel on n’avait prêté aucun serment, et on n’obéit plus au roi que par l’intermédiaire du seigneur. Le roi ne pouvant empêcher cette transformation, autorisa puis obligea ceux de ses sujets qui ne l’avaient pas encore fait à se choisir un seigneur. Le pays sur lequel s’exerçait son autorité s’appelait la seigneurie et quelle que fut son étendue, toute une province ou seulement quelques villages, le seigneur percevait les redevances, rendait la justice, était en un mot un vrai souverain.

L’origine de la seigneurie de Launay-Morel pourrait remonter à cette époque. Cette seigneurie de Launay-Morel, très ancienne, étendait sa juridiction sur plus de huit cents journaux de terres sur la paroisse de Roz-sur-Couesnon.

La seigneurie et une forme de propriété : propriété d’un ensemble foncier ; propriété d’une partie de la puissance sur celui-ci. Elle s’inscrit dans le système féodal et le seigneur de Launay-Morel était le vassal de celui de Combourg de qui il tenait ses terres à " devoir de foy, hommage et chambellenage ". Elle possédait la basse et la moyenne justice sur l’ensemble de sa juridiction et la haute justice pour un de ses fiefs.

Au 18ème siècle, Louis René du Boisbaudry seigneur de Launay-Morel accroît ses possessions par l’achat de plusieurs terres, en 1738 les métairies de Carcou et de La Fontaine Roux en la paroisse Notre-Dame à Dol de Bretagne et Mont-Dol, en 1754, la métairie noble de Courtepierre située sur la paroisse de Saint-Marcan. Il possède également des " héritages" au Mont-Dol et à Roz-Landrieux.

La seigneurie compte 15 fiefs dont trois qui ont été acquits par Louis René. Elle relevait du comté de Combourg pour treize de ces fiefs tenus à devoir de foy et hommage et chambellenage, sans rachat. Elle relevait du Roy par la baronnie de fougères pour deux autres de ces fiefs à devoir de foy et hommage et rachat.

Le seigneur de Launay-Morel possède donc :

  • des biens propres, tenus prochement et noblement du Comté de Combourg,

  • des biens nobles tenus prochement et noblement de la seigneurie de Combourg,

  • des biens roturiers tenus prochement et noblement de la baronnie de Combourg,

  • des biens nobles tenus prochement et noblement du Roi par la baronnie de Fougères.

Le domaine seigneurial était divisé en deux parties :

        1° la réserve du seigneur qui constituait le domaine proche,

        2° la directe seigneuriale ou mouvance qui comprend : fiefs nobles et tenues roturières qui doivent des rentes.

La propriété seigneuriale s’exprime à travers la justice seigneuriale, les banalités et les coutumes de la seigneurie.

La propriété paysanne se manifeste par la faculté de vendre sa terre, d’en hériter, de l’échanger, de jouir entièrement de ses revenus une fois payée la rente attachée à la terre. Cependant le paysan reste soumis au droit de mutation que sont les lods et ventes.

Le château de Launay-Morel vers 1910

Le domaine proche. [table]

C’est la réserve dont le seigneur conserve la jouissance personnelle et immédiate. Il s’agit de son habitation, des jardins et terres voisines, les bois, étangs, moulins, etc...

Le seigneur en a l’entière propriété, la jouissance personnelle et immédiate, il se compose de deux éléments essentiels, la retenue qui comprend le château et ses dépendances, bois, landes, prairies et un certain nombre de pièces cultivées et la métairie de Launay-Morel, la retenue étant exploitée par le seigneur de Launay-Morel tandis que la métairie est affermée.

Le manoir de Launay-Morel. [table]

Launay-Morel se situe sur l’endroit le plus élevé de Roz-sur-Couesnon et domine la baie du Mont-Saint-Michel sur l’embouchure du Couesnon. A proximité passe l’un des nombreux chemins montois qui pénétrait en grève près du manoir de la Rue.

Il est possible qu’à l’époque féodale quelque puissant seigneur ait construit un château fort dont le souvenir nous est conservé par les restes d’une motte de terre. On voit sur le site de Launay-Morel, les traces d’une motte féodale et d’une possible maison forte qui prouvent l’ancienneté de ce site.

A l’origine, la motte féodale consistait en une butte de terre d’environ trente mètres de diamètre, plus ou moins élevée au-dessus du sol voisin, entourée d’un fossé et sur laquelle se trouvait le donjon qui n’était alors qu’une simple tour de bois qui servait à la fois de poste d’observation et de résidence au seigneur. Une enceinte extérieure appelée basse-cour pouvait accueillir la population.

Les grands seigneurs remplacèrent les donjons de bois par des châteaux forts en pierre, les petits seigneurs se contentèrent de maisons fortifiées. On peut penser que dès le 13ème siècle le donjon fit place à une véritable maison, un manoir.

Situé à 1200 m. du bourg de Roz et 700 m. à l’ouest de la route de Sains, le manoir était une belle habitation pouvant dater du 17ème siècle et qui a probablement remplacé une ancienne demeure remontant a des temps plus anciens, l’appellation locale au début de ce siècle étant " le château féodal de Launay-Morel ", ainsi est-il nommé sur d’anciennes cartes postales. On y accédait par une grande avenue bordée d’arbres de haute futaie, elle-même perpendiculaire à une autre avenue bordée de chênes qui desservait la chapelle. Il était entouré de douves rectangulaires avec pont et grille d’entrée, avec deux piliers de granit, donnant dans une cour intérieure pavée bordée de part et d’autre par les communs et de chaque coté un pavillon couvert de paille ayant chacun une petite tourelle d’angle en pierres appareillées reposant sur trois consoles à deux ressauts et couvertes en essentes. Le pavillon oriental servant d’écurie, le pavillon coté occident servant de fournil. Chacun des deux pavillons mesurant douze mètres de longueur sur sept mètres cinquante de largeur.

La maison de " demeurance " est un château de classique apparence, modeste, de construction rustique, orienté au sud. Il avait belle allure avec sa toiture d’ardoises à croupe rabattue et à pentes raides et ses hautes cheminées. Les murs sont en pierre de ressource locale, granulite oxydée de surface employée comme moellons, les portes et fenêtre, de proportions verticales, sont en pierres de taille de granit appareillées et les linteaux étroits contribuent à accentuer le verticalité du bâti. Les lucarnes, qui sont des éléments importants de la façade, à la verticale des travées, contribuent à l’harmonie de l’ensemble avec leurs jambages en pierre et des linteaux légèrement courbes et moulurés, de même facture que les pierres d’encadrement des ouvertures de la façade en granit gris roux. Recouvertes d’ardoises de même pente que la toiture principale elles sont à croupe dites "lucarnes capucines ".

Les cheminées en pierres grossièrement appareillées avaient leurs souches protégées de la pluie par un rang de pierres en saillies qui en finissaient le volume par un fin couronnement.

La façade principale et la cour étaient au midi.

Ce bâtiment avait environ trente mètres de longueur sur dix mètres de largeur. Le corps de logis comprenait un rez-de-chaussée, un premier étage et un grenier. Au rez-de-chaussée se trouvait un vestibule donnant accès à la salle à manger, une petite salle et un cabinet, la cuisine et un office qui communiquait avec une cave se trouvaient au bout vers orient. Un escalier central menait à l’étage où à droite se trouvait une chambre tapissée de serge verte et à gauche se trouvaient la salle haute, un corridor, un vestibule, la lingerie, la chambre rouge au-dessus de la cuisine et une chambre au-dessus de l’office. Au-dessus, greniers à l’orient, au milieu et à l’occident. Dans l’angle nord-est se trouvait une tourelle.

Les communs consistaient en cave, cellier, hangar avec pressoir à vis et tour de pierre, étable et retraite à porcs à l’orient, tous couverts en paille, basse-cour à l’orient et fruitier et jardin à l’occident. Perpendiculaires au logis, ils délimitaient avec celui-ci une cour rectangulaire.

Derrière le manoir, au nord, se trouvait un grand jardin, divisé par un canal ou vivier et décoré de deux charmilles parallèles aux deux cotés, auquel on accédait par un petit pont de pierre.

Un large canal rempli d’eau ou douves qui sont un élément de prestige, délimite tout le pourpris comprenant le logis, la cour avec les bâtiments qui la bordent et les jardins. Ces douves étaient alimentées en eau par une fontaine sise au sud de la propriété dans le clos de la chapelle.

Le vivier qui est aussi un privilège de la demeure seigneuriale, le droit de pêche étant réservé tout comme le droit de chasse, contribue à assurer son autonomie alimentaire.

Un puits sur le jardin assurait l’approvisionnement en eau.

L’ensemble était typiquement malouin et ressemblait à ces classiques résidences d’été des corsaires que l’on connaît sous le nom de malouinière. Le style " malouin " et les armes des Boisbaudry que l’on pouvait encore voir sur la chapelle font remonter sa construction a la fin du 17ème ou au début du 18ème siècle, car c’est à cette époque que Gabriel du Boisbaudry cadet de la famille de Trans et Marie Anne de Marcillé, son épouse, vinrent habiter Launay-Morel. Il aurait été construit en remplacement d’un manoir plus ancien avec fenêtres grillagées comme le laissent supposer quelques pierres de réemploi trouvées dans les ruines actuelles. Il serait donc contemporain du manoir de Mont-Louët en Pleine-Fougères qui fut édifié en 1713 où de quelques malouinières telle celle de Grand Val-Ernoul en Saint-Méloir-des-Ondes construite en 1719.

Le château connut alors son aspect définitif que restitue faute de document plus explicite, l’ancien plan cadastral. On constate que les bâtiments étaient répartis sur les trois côtés d’une cour rectangulaire et que la résidence seigneuriale était beaucoup plus importante que ne le laisse voir les rares documents photographiques connus.

Le pavillon ouest et sa tourelle, (ancienne boulangerie)

La chapelle . [table]

Symbole par excellence de la demeure seigneuriale, il existait une jolie petite chapelle, avec deux croisées en ogive et un petit campanile de granit, aujourd’hui ruinée. Au-dessus de sa porte on pouvait voir les armes des Boisbaudry, ce qui la date de la fin 17ème début 18ème siècle.

Dans cette chapelle eurent lieu plusieurs mariages familiaux. Elle demeura en exercice jusqu’à la révolution puis elle fut désaffectée. Son mobilier se composait d’une armoire fermant à deux clés, un banc à accoudoir, quatre bancs et deux chaises.

En 1795, victime de la tourmente révolutionnaire, les vitraux étaient cassés, l’autel, le gradin culbutés et cassés, la pierre sacrée et la cloche enlevées.

De ce château et cette chapelle, victimes d’amateurs de belles pierres et de marchands de matériaux cupides, il ne reste aujourd’hui que quelques pans de murs et quelques tas de pierres informes.

La chapelle

Le colombier. [table]

La coutume de 1580, à la requête de la noblesse, en réserve expressément la construction aux nobles, et exige la possession d’au moins trois cents journaux de terre pour exercer ce droit, ce qui le valorise d’autant. Le colombier devient le symbole de la demeure seigneuriale et un signe extérieur de noblesse, sa taille et sa splendeur l’affirmation d’un rang. Il est rarement dans la cour même du manoir et n’est pas forcément mis en évidence.

Son rôle de prestige qui n’est pas négligeable n’occulte pas son rôle fonctionnel qui est l’élevage du pigeon pour l’alimentation. C’était une production importante de nourriture. L’élevage du pigeon, qui pratiquement tout l’année se débrouillait pour assurer sa subsistance, et qui plus est, se reproduisait toute l’année, procurait l’une des principales source de viande fraîche, sans parler de l’utilisation des déjections comme engrais.

Chaque couple de pigeon pondait deux œufs toutes les six semaines, les couvait, puis nourrissait les petits qu’on venait prendre dès qu’ils avaient leur taille et avant qu’ils ne volent, c’est à dire au moment ou deux nouveaux œufs étaient pondus. Comme les deux pigeons du couple étaient constamment occupés a cette tache et restaient en couple toute leur vie, une très grande quantité de pigeons, plusieurs milliers parfois, pouvaient ainsi vivre en paix dans une étroite proximité.

Pour maintenir le nombre indéfiniment, il suffisait de conserver un jeune couple de chaque nid tous les sept ans pour remplacer leurs parents.

On trouve à proximité du manoir, dans la grande prairie, une énorme fuie très large de trente pieds de diamètre, entourée d’une litre seigneuriale, qui est en ruine. Cette " litre ", faite d’un enduit très lisse sur environ 1 mètre de hauteur ainsi qu’une saillie de pierre au haut de la muraille avaient pour but essentiel d’empêcher les rongeurs de pénétrer dans le pigeonnier.

Ce colombier avait autrefois une couverture de chaume avec une lucarne permettant les allées et venues des pigeons et qui pouvait être fermée en cas de besoin. Il pouvait contenir plusieurs centaines de pigeons ; il est garni de boulins, de bas en haut, sur toute sa surface interne, on en compte huit cents seize.

On peut donc aisément imaginer les dégâts que ces oiseaux pouvaient occasionner aux cultures. Ce nombre important de boulins nous indique que la retenue de Launay-Morel devait s’étendre sur environ 800 journaux de terre, soit environ 400 hectares. Ces boulins sont disposé en quinconce dans la paroi, l’intérieur du colombier était chaulé régulièrement pour y maintenir une grande propreté. Un pivot central auquel était accrochées des potences à différentes hauteurs permettait d’y appuyer une échelle pour aller chercher les œufs ou les pigeonneaux.

On accédait à ce colombier par un passage franchissant la douve dans l’angle sud ouest du jardin

Bien entendu, les pigeons se nourrissant partout où ils trouvaient pitance étaient fort impopulaires parmi les fermiers dont ils amputaient les récoltes sans qu’ils puissent rien dire. Aussi, lors de la révolution, des quantités de colombiers furent détruits en tant que symbole d’un privilège particulièrement ressenti des paysans qui risquaient les galères pour avoir tué un pigeon du seigneur.

Dans les cahiers de doléances, on trouve trace du mécontentements des populations à propos des colombiers d’autant plus que ce colombier de Launay-Morel n’était pas le seul dans la paroisse, il en existait un à La Rue de trente nids, un autre au presbytère de Roz, et plusieurs autres aux environs, puisque presque chaque maison noble avait le sien

A Roz-sur-Couesnon on demande à ce que les colombiers qui fournissent une infinité de pigeons qui dévastent les campagnes soient démolis ou que les propriétaires en droit d’en avoir les tiennent clos et fermés aux temps des semences et récolte et qu’à défaut il soit permis aux propriétaires des terres sur lesquelles ils s’arrêtent de les tuer. A l’effet de quoi le port d’armes sera permit aux propriétaires…sauf aux juges des lieux à faire désarmer et même punir les gens qui menaceraient d’en faire mauvais usage, sur la déposition de deux témoins dignes de foi.

De même à Saint-Marcan, sachant le tort que les pigeons causent aux habitants de chaque paroisse, qui malgré les ruines qu’ils en essuient n’osant les détruire, on réclame l’abolition des colombiers ou que deux choses l’une, il soit permis à tous sujets de détruire les dits pigeons chacun sur ses terres ou qu’il soit ordonné aux propriétaires des colombiers d’empêcher lesdits pigeons de sortir pendant l’intervalle du temps depuis la semence jusqu’à la fin des dernières récoltes y ayant des semences en toute saisons ou presque.

Le droit de colombier fut aboli, avec les autres privilèges, le 4 août 1789, à la suite de quoi, d’ailleurs, cet élevage connut une grande vogue pour profiter de cette liberté nouvelle et les préfets durent imposer des réglementations concernant les périodes d’ouverture et de fermeture des colombiers.

Le Colombier

La métairie de Launay-Morel. [table]

Elle fait partie du domaine proche du manoir, c’est la partie du domaine que le seigneur n’a pas partagée avec ses sujets. Le métayer jouit d’un statut privilégié et en particulier est exempté du fouage que payaient les roturiers.

Située près du château, elle forme à elle seule un domaine complet comprenant toutes les catégories de terres : pièces labourables, prairies, landes et bois. On y accédait par une large avenue bordée d’arbres de haute futaie et elle se composait des bâtiments de la ferme avec leurs dépendances, cour, jardin et chènevières.

Le bâtiment principal consistant en salle, écurie, chambre et grenier au-dessus, de 55 pieds de longueur sur 26 de large construit en pierre et couvert en paille, cour et jardin avec un hangar sur pots et un appentis sous lequel est un pressoir à cidre et son tour de pierre, une grange avec deux étables aux deux bouts et une retraite à porcs contenant ensemble 66 pieds de longueur sur 28 de large, une boulangerie avec un four de 24 pieds de long sur 14 de large.

Elle comprenait les terres suivantes :

Terres nobles : le Grand Domaine, le Bois Taillis des Saints-Martins, le Grand Champmain, le Petit Clos des Champmain, le Bois des Champsmain, le Clos du Bois des Champmain, le Bois aux Chevaux, le Clos Hervé, le Clos de la Chenaye, le Clos du Bruslé, la Grande Boulaye, la Petite Boulaye, la Prairie Neuve, le Champ des Closiaux, Les Tertres.

Terres nobles

Superficie

Nature

Revenu en 1786 

La maison et logement

.

.

35 l.

Les cours jardins et chènevières

.

.

25 l.

Les avenues de la métairie

1j 66c 3 p

haute futaie

2 l. 10s

Le Grand Domaine

14j 42c 15p

terre labourable

175 l.

Le Bois taillis des Saints Martins

4j 71c 6p

bois taillis

24 l.

Le Grand Champmain

1j 32c

terre labourable

100 l.

Le Petit Clos des Champmain

1j 2c

terre labourable

10 l.

Le Bois des Champmain

3j 22c

bois taillis

15 l.

Le Clos du Bois des Champmain

74c 19p

terre labourable

7 l.

Le Bois aux Chevaux

4j

bois taillis

20 l.

Le Clos Hervé

10j 66c 14p

terre labourable

90 l.

Le Clos de la Chenaye

4j 4c 1/4

terre labourable

72 l.

Le Clos du Bruslé

8j 1c 14p

terre labourable

80 l.

La Grande Boulaye

8j 25c 1/2

jannière et haute futaie

20 l.

La Petite Boulaye

3j 10c

jannière

12 l.

La Prairie Neuve

2j 47c 3/4

jannière et bruyère

9 l.

Le Champ des Closiaux

2j 67c 1/2

jannière et bruyère

14 l.

Les Tertres

4j 7c 18p

jannière

24 l.

 

 

 

 

 

75j 36c 94p

 

734 livres 10 sols

Soit 9,7 livres par journal.

 

 

 

Nous savons qu’en 1718 deux couples habitent dans cette ferme :

Charles Papail époux de Françoise Papail qui étaient au Val Saint-Revert en 1716, ils eurent une fille Marie Jeanne née le 11 mai 1718 dont la marraine est Marie Jeanne Ursule du Boisbaudry et le parrain Julien Duisnes  ;

Et Guillaume Huet époux de Louise Tiefainne qui eurent un garçon Jean Charles né le 1er août 1718 dont la marraine est aussi Marie Jeanne Ursule du Boisbaudry et le parrain Louis Charles de la Cornillère.

Plan de situation d'après le cadastre de 1826

Les terres. [table]

Toutes les parcelles de terres n’avaient pas la même qualité. Certaines étaient plus honorables : les terres nobles . A l’origine propriétés des nobles qui suivaient leur suzerain à la guerre, ces terres jouissaient d’une exemption fiscale.

Les terres roturières étaient " contribuantes " et " partables ", elles n’étaient pas réservées aux seuls roturiers, une grande partie de ces terres roturières appartenaient à des nobles.

Terres appartenant au domaine proche de la retenue de Launay-Morel : [table]

Terres nobles : le Bois du Breuil, y compris le Petit Landel, le Pré de Linière au marais des Quatre Salines, une autre pièce de terre au marais de La Poultière.

Terres roturières : une partie du Bois Taillis de Launay-Morel, la Grande Lande, le Taillis de Monclée, le Clos des Bois, le Bois de la Chenottière, quatre pièces de terre situées au terroir des Landes Robin.

Terres nobles

Superficie

Nature

Revenu en 1786

le Bois du Breuil

17j

bois taillis

70 l.

Le Pré de Linières ou Pré Au Loup

70c

pré

18 l.

terre proche la Croix Morel

40c

terre labourable

7 l. 10s

 

 

 

 

 

18j 30c

 

95 livres 10 sols

Soit 5,1 livres par journal

 

 

 

 

 

 

 

Terres roturières

Superficie

Nature

Revenu en 1786

Bois Taillis de Launay-Morel

17j ½

bois taillis

70 l.

portion de la Grande Lande Robin

7j

lande

50 l.

Taillis de Monclée

3j

bois taillis

13 l. 10s

la ½ septentrion du Clos des Bois

2j

taillis et chênes

10 l.

Grand Clos des Bois

2j 16c

taillis

10 l.

Bois de la Chenottière

5j

bois taillis

25 l.

Terre à la Lande Robin

3j

lande

13 l. 10s

Terre à la Lande Robin

3j

lande

13 l. 10s

Terre à la Lande Robin

3j

lande

13 l. 10s

Terre à la Lande Robin

4j

lande

20 l.

 

 

 

 

 

49j 56c

 

239 livres

Soit 4,82 livres par journal.

 

 

 

Pour l’ensemble 5 livres / journal

 

 

 

Autres terres nobles :  [table]

Autour des bâtiments du château se trouvaient les terres nobles suivantes :

le Champ de la Chapelle, le Grand Bois Taillis de Launay-Morel, la Grande Prairie, la Petite Prée.

Terres nobles

Superficie

Nature

Revenu en 1786

Le Château de Launay-Morel

.

.

.

Les Avenues

.

.

.

Le Champ de la Chapelle

4j 45c

 

56 l.

Le Grand Bois Taillis de Launay

43j 21c

bois taillis

200 l.

Le Fruitier

70c 2/3

terre labourable

15 l.

La Petite Prée

1j

terre labourable

15 l.

La Grande Prairie

12j 65c 3/4

prairie

185 l.

 

 

 

 

 

62j 42c 1/4

 

471 livres

Soit 7,5 livres par journal.

 

 

 

 

Le moulin banal. [table]

Au 15ème siècle, on ne trouve des moulins que sur les terres appartenant à des personnages au moins de moyenne noblesse, déclarant plus de 80 livres de revenu noble. C’est que l’entretien des moulins était coûteux ; de plus les revenus en avaient été diminués par la baisse démographique. Les plus petits seigneurs n’avaient donc pas intérêt à en construire, et lorsqu’une seigneurie était partagée lors d’une succession, les cadets qui héritaient d’un petit lot n’avaient pas intérêt à essayer d’avoir celui comprenant le moulin.

Le seigneur a le monopole des moulins à blé et tous ses sujets doivent user de son moulin. A Launay-Morel, au 18ème siècle, ce n’est pas lui qui exploite son moulin, il l’afféage les rentes sont acquittées en grains. Le meunier reçoit du seigneur tous les droits qu’il possède sur les mouteaux, peut les obliger à suivre son moulin, exerce sur eux une véritable juridiction. Par contre il entretient le moulin a ses frais, entreprenant les réparations nécessaires.

Jean Papail demeure au moulin de Launay-Morel le 23 novembre 1723.

En 1786 le moulin à vent de Launay-Morel situé entre le bourg de Ros et le village de Val Saint-Revert, avec son fond, tour de queue et cabestan, les mouteaux, une petite quantité de terre de 23 cordes et une autre appelée le placitre de 60 cordes, était afféagé 16 boisseaux froment, moitié terrain, moitié marais, a charge à l’afféagiste d’entretenir le moulin parce qu’en cas de défaut il lui sera fait diminution d’une somme de cinq cents livres pour les réparations.

Retenue, métairie, moulin, constituent le domaine proprement dit du seigneur, sa propriété véritable.

Prééminences. [table]

La plupart des seigneuries donnaient doit à des prééminences honorifiques dans l’église paroissiale. Dans la hiérarchie de ces honneurs il y avait matière à bien des querelles et procès.

Le seigneur de Launay-Morel avait droit d’enfeus, sépultures, armoiries au-dessous de celles de Combourg, bancs à accoudoirs clos et fermés, l’un au chanceau, l’autre dans la nef, pierres nominales et toutes autres prééminences après le seigneur de Combourg, chanson par les nouvelles mariées le premier dimanche d’après les épousailles.

Il pouvait donc faire apposer ses armoiries sur un vitrail et le banc seigneurial dans l’église marquait son rang quand on sait que bien souvent les églises, surtout à la campagne, étaient dépourvues de sièges.

La chanson pour les nouvelles mariées, loin d’être une brimade, était l’occasion de réjouissances pour la paroisse.

Voici en quoi consistait ce droit : lorsque les nouveaux époux sortaient de l’église, le seigneur se présentait, leur donnait l’accolade, et ils devaient lui chanter une chanson de leur choix sous peine d’amende. Cette singulière coutume assez répandue alors, n’avait d’autre but que d’entretenir les bonnes relations entre le seigneur et les sujets et d’égayer un peu la vie.

Les mouvances. [table]

Les mouvances consistent en fiefs et bailliages.

Celui qui donne le fief s’appelait le suzerain, celui qui le recevait le vassal. Le comte ou le duc devait rendre hommage au roi, lui jurer fidélité et s’engager à le servir. Dans son fief, le comte à son tour avait au-dessous de lui des gens auxquels il concédait des parties de fiefs ou bien qui lui avaient demandé protection, ils lui devaient l’hommage, ils étaient ses vassaux. Ainsi dans cette organisation tous les hommes étaient subordonnés les uns aux autres et formaient comme une échelle. Leurs droits et leurs devoirs réciproques étaient définis et fixés par des contrats. Cette organisation connue sous le nom de régime féodal ne disparut qu’à la révolution de 1789.

Les terres tenues par les paysans constituent donc les fiefs et bailliages. Ces terres étaient attribuées à vie à des paysans mais en fait il s’agit d’une fausse propriété puisque le seigneur en conserve la propriété éminente : tout d’abord par le fait de rendre aveu au seigneur, ensuite par la perception des rentes, plus ou moins fixes selon les cas. Les paysans pouvaient disposer des récoltes effectuées sur les tenures après avoir acquitté le cens et fourni des journées de travail gratuit appelées les corvées.

La plupart des tenures doivent à la fois des redevances en nature et des redevances en argent. Certaines tenures sont franches de toute rente et doivent seulement rachat et obéissance ou même seulement devoir d’obéissance ou d’hommage sans autre obligation, cependant, les tenures franches de rentes restent toujours soumises à l’autorité seigneuriale.

Fiefs et bailliages. [table]

Biens tenus prochement et noblement du comté de Combourg, à devoir de foy et hommage et chambellenage lorsque le choix y échoit, par le fief de Godelieu dépendant dudit comté, sans rachat suivant l’usage des comtés de Dol et de Combourg :

Fief et bailliage

Ayant cours

Surface

Hommes et vassaux

La Ballüe

Village et marais de La Poultière,
Village de La Rue,
Marais de La Bégossière,
Terroir des Jallays.

22 j

25 hommes ou vassaux

Grand fief de Montlieu

Village de Marigé,
Village de La Fontaine au Jeune,
Village de Champ Jacquet,
Village de Tertre Marie,
Village de Monlieu,
Village de Lillemain,
Village de La Roche Blanche.

178 j

45 hommes ou vassaux

La Guihommerais

Village et marais de La Poultière

63 j 78 c 1/2

Petit fief de Montlieu

Village et marais de La Rue,
Village de La Ville,
Village de La Bégossière
et ailleurs en la paroisse Roz.

69 j 23 c 1/2

32 hommes et vassaux

Guette

Bourg de Roz,
Village de Pont Auvray,
Village de La Renais,
Marais de La Poultière,
Aux Chouannières

73 j

30 hommes et vassaux

Amendable, autrefois nommé Kerverliau

Le Grand Jonchay pour les Chouannières

15 J 16 c

12 hommes non étagers

Beauregard

Prés le bourg de Roz,
Aux Champs de Roz,
Proche le village de Ville Betton,
Village et marais de La Poultière

13 j

de terre sans étage

12 hommes ou vassaux

Au Gour ou au goux

Bourg de Roz,
Marais de La Poultière,
A La Renais,
Au Val Saint-Revert

26 j 79 c

26 hommes ou vassaux

Les Pallets

Bourg de Roz et environs,
Village et marais de La Poultière

32 j

30 hommes et vassaux

Le Breuil

Village de La Fontaine aux Jeunes

47 j

Les hommes et vassaux de ce village

Tenus prochement et noblement du Roy par la baronnie de Fougères, sans aucune rente, mais à devoir de foy et hommage et rachat :

Fief et bailliage

Ayant cours

 

 

Pontavice

Village et marais de La Poultière

 

? hommes ou vassaux

Du Breuil

Village de La Fontaine aux Jeunes et environ d’icelui

26 j de terre sans étage

Différends hommes

On peut constater que chaque bailliage se compose maintes fois de parties éparses entremêlées dans d’autres fiefs. Ainsi le marais de La Poultière dépend des : fief des Pallets, au Gour, La Ballüe, Guette, Beauregard ;

La Fontaine au Jeune dépend de La Ballüe et du Breuil ; La Bégossière dépend de La Ballüe et du petit fief de Montlieu.

Total surfaces : 566j. 13c. ½ plus Pontavice.

Villages et lieudits formant les fiefs et baillages de la seigneurie de Launay-Morel

Acquisition de biens. [table]

Acquêts de biens roturiers faits par la communauté des époux du Boisbaudry consistants en métairies, terres, saline  et biens nobles consistants en métairie et en fiefs.

Biens roturiers. [table]

Biens acquits au mois de juin 1738 par vente au plus offrant au dernier enchérisseur. Louis René du Boisbaudry faisant et agissant au nom de Jeanne Céleste Chevillé son épouse a fait une offre de dix mille livres pour les deux métairies de Carcou et de la Fontaine Roux et cent vingt livres pour frais de contrat. Biens vendus sur délibération des parents et enfants mineurs de Julien Pierre Viel sieur de Bosbon, époux de feue demoiselle Marguerite Thérèse Surlève, portant leur avoir et consentements des biens réels des dits mineurs pour le prix d’iceux tourné en acquêt de leurs dettes, sur sentences de la juridiction de l’abbaye près Dol qui valent avis et consentement des parents, permettant au sieur Viel de faire vente de partie des biens des dits mineurs aux meilleures conditions que faire se pourra.

Sur ces domaines, les du Boisbaudry avaient pour voisins messieurs de Noyan seigneur de la Mancelière, du Quengo-Ferron, et madame Rever mère de François Rever le célèbre archéologue.

Métairie de La Fontaine Roux . [table]

En la paroisse Notre Dame de Dol.

Elle se compose de la salle de demeurance principale avec chambre et cabinet à l’étage grenier et fuie à pigeons sur la chambre et cabinet, grange, étable et cellier au bout occidental.

Un pressoir avec son tour de pierre couvert d’un hangar sur pots, une petite étable à cochons, cour close de murs, jardin entouré de ses fossés vers le nord.

Bâtiments en pierre couverts d’ardoise et paille.

Une autre salle de demeurance avec grenier au-dessus appelée la Petite Fontaine Roux, de longueur 34 pieds et demi, étable, cour dans laquelle se trouve un puits avec mardrelle en carcou commun aux deux maisons, verger appelé Courtil Bizien, terre appelée Lécoinson et La Haye de Carcou entre-deux..

Désignation du bien :

Superficie
en 1738 :

Nature de la terre :

Revenu annuel en 1786 :

La principale salle avec dépendances cour et jardin

40c

.

60 l.

Une autre salle de demeurance avec :
Le Verger Courtil
Lécoinson
La Haye de Carcou entre-deux

2j 17c

...

70 l.

La Chènevière

34c 8p

labourable

8 l.

Les Saudrais

1j 34c

pré

3 l.

Verger de La Fontaine ou clos du pressoir

1j 43c 1/2

labourable avec pommiers plantés et pré

36 l.

La Passagère

2j 11c

pré

10 l.

La Prée de La Fontaine Roux

4j

pré

36 l.

Le Grand Verger
de La Fontaine Roux

2j 60c

labourable avec pommiers plantés

60 l.

Les Pommiers Bruslés (brullays)

55c

labourable

10 l.

Au sol des Rolandières
Le Clos Bosbon

4j 64c

labourable avec pommiers plantés

75 l.

.

.

.

.

.

19j 40c 8p

.

368 livres

Soit 18,8 livres par journal.

.

.

.

Cette métairie est affermée à Louis et Mathurine Maillard pour neuf ans du 29 août 1785 à la Saint-Michel 1795.

Métairie de Carcou. [table]

Paroisse Notre Dame à Dol, avec terres à Carcou et au sol des Rolandièrers.

Elle se compose d’une maison de demeurance avec une salle basse, chambre au-dessus avec escalier en bois, grenier sur la chambre, cellier avec chambre dessus avec escalier de maçonnerie à l’extérieur, grenier au-dessus de la chambre, étable et écurie, cour et retraites à porcs en pierre. Puits avec margelle en pierre de carcou et four en pierre. Bâtiments construits en pierre et couverts en paille.

Désignation du bien

Superficie
en 1738

Nature de la terre

Revenu annuel en 1786

Salle de demeurance
cour et jardin

60 c

.

50 l.

Le Clos de Devant

2j 20c

labourable avec pommiers

50 l.

Une petite quantité de terre

20c

labourable

15 l.

La chènevière de Carcou

20c

labourable

3 l.

Même pièce

20c

labourable

2 l.

Les Grastiaux ou les Prosteaux

3j 40c

pré

40 l.

Les Manchardières

5j

pré

75 l.

Le Pré Pourri

2j 12c

labourable et pré

36 l.

Le Pré de Bonneval

1j

pré

15 l.

Le Clos du Moulin

1j

labourable

16 l.

la pièce Dicou au sol des Rolandières

1j

labourable

18 l.

Le Clos Turel

40c

labourable

6 l.

La Noë des Pommiers

3j

labourable

40 l.

La Noë des Jans

3j

½ labourable ½ pré

18 l.

Le Clos Neuf aux Rolandières

1j 1/2

labourable

22 l.

 

 

.

 

 

25j 32c

 

406 livres

Soit 16 livres par journal.

 

.

 

Anne Lanne veuve Lognoné tient le métairie de Carcou en 1787.

Pour ces deux métairies, les rentes seigneuriales sont dues à la seigneurie de Gage-Cleuz en Roz-Landrieux.

Le 10 août 1754, le seigneur du Boisbaudry rend aveu à la juridiction du Gage-Cleuz, pour ses métairies de la Fontaine Roux et de Carcou puis, le 15 février 1782, au comté de Dol, à l’audience de la juridiction de Dol.

Le Gage-Cleuz en Roz-Landrieux était la seigneurie des voyers de Dol. Son possesseur servait de maître d’hôtel à l’évêque de Dol le jour de son entrée solennelle dans sa ville. Il était aux de Cleux en 1500 . En 1750 Monsieur de Quemper était marquis du Gage-Cleux. Messire de Quemper, seigneur Comte de Lanascol, était en droit de prendre et de lever sur les hommes du bailliage de Quarquou les devoirs suivants : vingt-deux guetes et trois quarts de guelde à pieds et vingt deux pots trois quarts de vin au jour Saint-Samson, mesure de Dol.

Autres biens roturiers. [table]

Biens acquits par licitation faite à M. du Boisbaudry par ses cadets le 16 novembre 1774 et provenant de la succession de Gabriel Joseph du Boisbaudry.

La saline des quatre salines. [table]

Elle comprenait bâtiments et terrain avec droit de havelage, tel qu’il peut être sans aucune garantie tant par rapport à l’inféodation envers le Roy dont le domaine est imprescriptible, qu’aux dangers de la mer. Elle était tenue prochement et roturièrement de la seigneurie de Trans par le fief du Chatellier à charge d’une ruche de sel menu blanc de rente seigneuriale .

Cette saline fut vendue à Noël Bonhomme. De par son contrat, il conservait la faculté de prendre au bois du Breil les fagots nécessaires pour l’usage de la saline à raison de 8 livres le cent. Bail du 3 fructidor an 2 (19 août 1794), pour 220 livres.

Terres roturières. [table]

Terres consistants en bois, taillis et landes :

Désignation du bien

Superficie

Nature

Tenu par le fief

Rente seigneuriale due au seigneur supérieur

Bois taillis de Launay-Morel

17j 1/2

taillis

Val Saint-Revert

10 d. monnaye par journal

Taillis de Monclée

3j

bois taillis

Val Saint-Revert

10 d. monnaye par journal

½ septentrion du Clos des Bois

2j

taillis

Val Saint-Revert

10 d. monnaye par journal

Grand Clos des Bois

2j 16c

taillis

Val Saint-Revert

10 d. monnaye par journal

Portion de la Grande Lande Robin

7j

lande

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Bois de la Chenottière

5j

bois taillis

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Terre à la Lande Robin

3j

lande

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Terre à la Lande Robin

3j

lande

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Terre à la Lande Robin

3j

lande

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Terre à la Lande Robin

4j

lande

Lande Robin

1 chapon et
5 d. monnaye par journal

Rentes seigneuriales dues pour ces terres : 1 livre 10 sols 5 deniers monnaye et 6 chapons.

Biens nobles. [table]

Fiefs et bailliages : [table]

Tenus prochement et noblement a devoir de foi et hommage du comté de Combourg.

Fief et bailliage

Ayant cours

 

Du bourg

En la paroisse de Roz

Hommes et vassaux de ce bailliage

Aux Oiseaux

En la paroisse de Roz

Hommes et vassaux de ce bailliage

Val Saint-Revert

Village du Val Saint-Revert

Hommes et vassaux de ce bailliage

Maison manale du lieu noble de la Courpierre. [table]

en la paroisse de Saint-Marcan.

Tenue prochement et noblement du comté de Combourg, en 1513, elle appartenait au sire de Combourg. D’après la déclaration de Combourg, en 1682, la baronnie de Combourg avait en Saint-Marcan, domaine proche, " la métairie de la Courtepierre avec étang, moulin, bois, etc. "

La métairie de la Courtepierre a été acquise par Louis René Joseph Du Boisbaudry par contrat judiciel de la juridiction seigneuriale de Combourg du 13 mars 1754 pour le prix et somme de 9.450 livres, ledit acquêt provenant de monseigneur le Duc de Duras , le tout affermé par le bail du 25 janvier 1753 de la part du dit seigneur duc de Duras à Gilette Huet et à Gervais Marie fils de la dite Huet pour neuf ans moyennant la somme de quatre cents cinquante six livres. Bannie d’appropriement répandue le 3 décembre 1754 et sentence d’appropriement rendue en la juridiction de Combourg le 28 janvier 1755.

La métairie consistant en maison, grange, étables, jardins et chènevières, colombier, four et fournil dans le clos de la porte, le tout en indigences de réparations.

Les terres de la Courtumière, inculte, les Jannayes, en partie inculte, le Clos de la Croix, le Clos Colin, le Grand Rochefort, le Clos de Beauclair, la Chenaye de la Courte Pierre, le Clos Baudoüan, le Clos à Costé, le Petit Clos aux Grenoüilles, le Petit Clos de la Courtepierre, la Prairie, la Grand Bois de la Courtepierre, les Grandes Pastures, le Courtil au Vau, les Landes Cottes, la Villebonde, la Pâturette; la pièce des Grandes Bosses et la pièce des Petites Bosses, terres situées aux Bosses de Combourg ; la pièce des Champs Hauteville, la pièce de Dessus le Pont de Narbonne, terres situées au marais de Saint-Marcan ; la pièce de Beauregard, la pièce du Champ Moüillé, terres situées au marais de Roz-sur-Couesnon.

Le tout contenant environ 60 journaux de terre, tant terres labourables que prés, bois taillis, pâtures, landes et terres incultes.

Désignation du bien

Superficie

Nature de la terre

Revenu annuel 1786

Manoir de la Courpière

.

.

60 l.

Une petite pièce de terre

 

inculte

30 l.

Clos de la Porte

10j

pommiers

150 l.

Le Clos Collin

1j 1/2

labourable

12 l.

Le Clos de la Croix

2j

labourable

24 l.

Le Clos Beauclair

2j

labourable

24 l.

Le Grand Rochefort

7j

labourable

90 l.

La Chenaye de la Courpière

4j

inculte

32 l.

La Ville Boudé

1j 1/2

pâture

20 l.

Le Petit Ruet

32c

labourable

6 l.

Le Clos Baudouard

2j

labourable

24 l.

Le bois du Clos Baudouard

1j

taillis

10 l.

La prairie de la Courpière

60c

pré

10 l.

Le grand bois de la Courpière

4j 20c

bois taillis

40 l.

La Chenaye de derrière la maison

 

bruyère et marais

24 l.

Le Clos Festou

100c

labourable

18 l.

La Chennevière

25c

labourable et pommiers

8 l.

Le Courtil aux Vaux

50c

pâture

12 l.

La Boutonnière

5j

pâture

40 l.

La Jannays

3j

labourable

24 l.

Les Grandes Pastures

5j

labourable

24 l.

Les Landes Cottes

5j 1/2

labourable, prés et bosses

110 l.

Le Champ aux Grenouilles

1j 1/2

labourable, prés et bosses

18 l.

Les Bosses de Combourg

5j

dont 3 ½ labourables
le reste en bosses

50 l.

Beauregard

3j 60c

labourable

54 l.

Le Champ Maillet

100c

labourable

20 l.

La pièce de dessus
le Pont de Narbonne

100c

labourable

20 l.

Le Champ Hauteville

3j

labourable

45 l.

 

 

 

 

 

72j 67c

 

1255 livres

Soit 17,83 livres par journal.

 

.

 

La métairie sera affermée pour 9 ans à Perrine Briand et Joseph Goblé son gendre par acte du 1er janvier 1779, fermage reconduit pour 9 ans par acte du 27 novembre 1785 pour compter de la Saint-Michel. Joseph Goblé y est toujours fermier en 1787.

En 1783 M. du Boisbaudry déclare la terre de la Courpierre pour un revenu de 600 livres.

Les revenus seigneuriaux. [table]

Ils sont très difficiles à évaluer : d’une part certains revenus sont inconnus ou difficiles à évaluer (ainsi les lods et ventes, les baux à moitié, etc.), d’autre part on confond souvent le revenu théorique et le revenu réel effectivement perçu compte tenu des rentrées irrégulières.

Le seigneur perçoit un important droit de lods et ventes qui atteint en principe un sixième ou plus souvent un huitième du montant de chaque transaction immobilière. Il exige par ailleurs périodiquement - tous les vingt ou vingt cinq ans - la reconnaissance écrite et détaillée de ses droits sous la forme d’un aveu dont la rédaction fait obligatoirement appel à un coûteux expert.

La justice était également une source de rapport non négligeable, par exemple les frais qu’entraîne une simple mise en tutelle d’enfants mineurs, en actes de procédures les plus divers, peuvent se monter à quatre années de revenus de l’exploitation concernée.

Pour rendre la justice et dresser les actes officiels, le seigneur se faisait assister de magistrats et officiers seigneuriaux qui achetaient leurs charges.

Les deux principales formes d’exploitation de la terre à l’intérieur de la seigneurie sont les métairies et les fiefs, les revenus de la seigneurie sont liés à ces deux formes d’exploitation.

La plus intéressante et la plus rentable ce sont les métairies, le seigneur est sûr de la somme d’argent qui doit théoriquement lui rentrer.

On cultive principalement des bleds, froment, avoine, blé noir, du chanvre dont on fait les toiles qui sont vendues à Saint-Malo et on récolte les fruits dont on fait les cidres. Le cidre étant la principale boisson du pays, le château, chacune des métairies possède son tour à pommes et son pressoir à vis.

C’est à partir de la Normandie que le cidre a progressé, dés 1445 on en produisait en Coglès, et lentement le vin breton a fait place au cidre dans la consommation populaire. Au 17ème siècle on commence à voir de nombreux champs complantés de pommiers et au siècle suivant l’usage de cette boisson plus saine que les eaux alors disponibles s’est généralisée. Nous trouvons les premiers pressoirs dans des maisons nobles que dans la décennie 1660.

Dans le cas des fiefs, le revenu est soumis aux variations de l’apprécis et ces variations sont importantes. Ceci s’explique par le fait de l’offre et la demande sur les marchés locaux et aussi par les aléas climatiques.

La plupart des tenures doivent à la fois des redevances en nature et des redevances en argent. Mais ce ne sont pas les rentes en argent qui sont les plus lourdes pour les tenanciers, bien souvent elles ne s’élèvent qu’à quelques deniers par journal, ce qui ne représente que quelques sous par tenancier. Les redevances en nature consistent souvent en grains, froment ou avoine, poulets et chapons.

Ces redevances en nature sont souvent plus onéreuses que les rentes en argent. Lorsque la redevance est en nature, on note dans le courant du 17ème siècle une transformation insensible qui consiste à s’acquitter de plus en plus en argent en convertissant la rente en nature à partir de l’apprécis local.

Le seigneur perçoit les revenus de sa seigneurie par l’intermédiaire d’un intendant et cette fonction est attribuée au procureur fiscal de la juridiction. C’est lui qui remplit l’office de receveur général et qui perçoit les redevances seigneuriales perçues par les sergents bailliagers.

Les sergents bailliagers ne perçoivent que les rentes en argent, les redevances en nature dites portables sont transportées par les tenanciers eux-mêmes aux greniers de la seigneurie.

Les rentes dites amendables doivent être acquittées en personne par les tenanciers à une date et à un endroit déterminé, faute de quoi ils sont condamnés à une amende.

Une troisième source de revenu est aussi très intéressante, il s’agit de l’exploitation des bois taillis. Les coupes de bois étaient vendues en moyenne tous les dix ans. La coupe devait se faire au mois de mars de chaque année et le bois devait être retiré en avril. On y trouvait des châtaigniers, des chênes, des hêtres et on en retirait essentiellement des fagots pour le bois de chauffage et des cercles.

Enfin il y avait les dîmes et les constituts qui étaient des prêts à intérêts déguisés sous forme de rente :

On prête de l’argent contre lequel une rente est versée aussi longtemps que le prêt n’est pas remboursé. Le taux de l’intérêt était de 5%.

Le seigneur touchait également des revenus des États de Bretagne pour ses charges parlementaires.

Un demeau mesure de Dol était utilisé pour la perception des dîmes. Il fut adjugé à Monsieur le Recteur de Roz pour 26 livres lors de la vente des effets de Madame du Boisbaudry le 25 mai 1789.

Rentes constituées. [table]

Les constituts représentaient des sommes importantes. Les prêts étaient de deux types : d’une part les constituts faits aux États de Bretagne, d’autres sont consentis à des particuliers et des membres de la famille.

  • Cent cinquante livres de rentes sur les états de Bretagne au capital de 3000 livres en date du 12 février 1762, au rapport de Sohier et Berthelot notaires royaux à Rennes.
  • Cent cinquante livres de rentes sur les états de Bretagne au capital de 3000 livres en date du 26 août 1779, au rapport de Trochu et Berthoneuf notaires royaux à Rennes.
  • Cent cinquante livres de rentes constituées par Messire Charles-Anne de Saint-Genis, chevalier seigneur des Hommeaux, par billet sous seing privé du 25 septembre 1778.
  • Rente constituée par le sieur Gouyon de Vaucouleurs au capital de 3000 livres à l’échéance du vingt septembre de chaque année, reconnue par missive en date du 19 octobre 1783.
  • Constitut de 20 livres du par le sieur de Foye antérieur à 1771.

Fiefs et bailliages. [table]

En Roz sur Couesnon :

Fief et bailliage

Monnaye

Poulle

Avoine

Froment

Rente due au seigneur supérieur

La Ballüe

3l 3d 
monnaye

¾ de poule

2 raseaux
2 godets
menue blanche

..

6 deniers

Montlieu
(grand fief)

3l 3s 9d monnaye

3 chapons
appréciés 10 sols chaque

.

2 boisseaux terrain
mesure de Dol

14 sols 8 deniers

Montlieu
(petit fief)

4l 6s 9d
monnaye au rôle

3 poules au portage dont 1 appréciée 6 sols

.

.

10 sols de rente appelée garde

Guette

3l 5s 6d
monnaye au rôle
et 48 sols tournois au portage

12 poules dont
5 appréciées 6 sols chaque
3 chapons dont 1 apprécié 10 sols

.

4 boisseaux
6 godets terrain mesure de Dol

.

Kerverliou
appelée amendable

15s 7d monnaye rente amendable

.

.

.

7sols 6 deniers

Beauregard

11s 2d
monnaye au rôle

.

.

1 boisseau terrain
mesure de Dol

1 sol 4 deniers monnaye

Au Gour
ou au Goux

37s 2d et obole monnaye au rôle

.

.

.

Obéissance seulement

 

Les Pallets

20s 6d
monnaye au rôle
1 paire de gants de peau de chien à peine de 3 livres d’amende

1 poule appréciée 6 sols.

 

..

9 boisseaux
2 godets marais mesure de Dol

12 deniers monnaye

Du Breil

3l 6s 3d
monnaye

13 chapons et
¾ de chapon au portage

.

.

.

La Guihommerais

4l 18s 2d
monnaye
curage du ruisseau de La Poultière entre les deux planches

5 poules et
1/12 de poule

4 boisseaux
1 raseau
menue blanche
mesure de Dol

.

.

Pontavice

2l 6s 3d
monnaye passant par les mains du sergent bailliager

.

.

.

Devoir de foy hommage et rachat

Du Breil

30s monnaye

26 chapons

.

.

Devoir de foy hommage et rachat

Le Bourg

2l 3d tournois en argent prisé au denier 35 : 52l 9s 8d

.

.

4 boisseaux
au portage

.

Aux Oiseaux

24 sols tournois en argent prisé au denier 35 : 2l 2s

.

.

.

.

Val Saint-Revert

10 sols 8 deniers monnaye argent prisé au denier 35 : 22s 8d

.

.

.

.

Rentes pour l’ensemble :

30 livres 1 sol 9 deniers monnaie au rolle, 21 poules et 7/12 de poule, 45 chapons et ¾ de chapon, 4 boisseaux 33 raseaux 2 godets avoine mesure de Dol, 11 boisseaux 6 godets froment terrain mesure de Dol, 9 boisseaux 2 godets froment marais mesure de Dol, 2 livres 24 sols 3 deniers tournois argent prisé au denier 35 : 54 livres 11 sols 10 deniers, 10 sols 8 deniers monnaie argent prisé au denier 35 : 22 sols 8 deniers ; et que penser de cette corvée de curage du ruisseau de la Poultière et de cette paire de gants en peau de chien survivance des anciennes rentes féodales.

Rentes dues au seigneur supérieur 35 sols.

Trois quittances de rentes seigneuriales consistantes en une paire de gants de chien consentyes à Mathurine (Frayer) et à marguerite Demiel veuve d'Etienne Roux son mary de différentes dates signées la première Marie Anne de Marcillé et les 2 autres par Joseph Du Boisbaudry figurent dans la main levée après décès d'Etienne Roux à la Poultière en juin 1753.

Rentes diverses perçues en 1786. [table]

Quinze boisseaux et demi de froment sur différents héritages situés en la paroisse de Roz-Landrieux.

Treize boisseaux de froment marais dus par Yves Brunant, à devoir de portage en la ville de Dol, 91 livres.

Contrat d’acquêt, ratification, prise de possession et bannies, sentences d’appropriement, au rapport de Chappé notaire à Dol, en date du 25 juillet 1768.

Cinq boisseaux de froment terrain à la mesure de Dol dus par Jean Morderelle à devoir de portage en la ville de Dol, 35 livres.

Rente due chaque année au terme de la Toussaint sur héritages se tenant en la paroisse de Roz-Landrieux.

Trois boisseaux de froment marais mesure de Dol dus par Francis Dubreuil époux de Jeanne Fristel fille de Guillaume et de Guillemette Grard, à devoir de portage dans la ville de Dol, 21 livres.

Rente due au jour de Noël chaque année.

Trois demeaux de froment mesure de Dol dus par Joseph Maubou et Jacques Blémus demeurant à Mont-Dol à devoir de portage en la ville de Dol, 10 livres 10 sols.

Ces quatre dernières rentes pour un total de 157 livres 10 sols.

 

A Saint-Marcan en 1741,

  • le boisseau froment de 76 livres poids valait 9 deniers la livre.

  • le boisseau d’avoine blanche de 80 livres valait 4 deniers ½ la livre

A Dol en 1745,

  • le boisseau froment terrain valait 3 livres 10 sols ;

  • le boisseau froment marais3 livres.

En 1786,

  • le boisseau froment marais ou terrain valait 7 livres ;

  • le demeau froment 3 livres 10 sols .

  • le chapon valait 10 sols, la poule 6 sols.

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